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— Début de la traduction —

Et dans le hadith d’Ibn Abas d’après son père, ce dernier l’a ramené [1] le jour du Fath au messager d’Allah. Il marchait derrière Al-Abas et demandait au messager d’Allah de lui laisser la vie sauve.

Quand le messager d’Allah l’a vu, il lui a dit : Attention [2] ! Tu ne sais pas qu’il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah ?

Il répondit : Au nom de mon père et de ma mère, tu as le sens de la famille, tu es généreux et noble. Je jure au nom d’Allah que si j’avais pensé qu’il y a une autre divinité avec Lui, cette divinité ne m’aurait rien apportée [3].

Il dit {le prophète} : Attention [2] O Aba Sofiane ! Il n’est pas temps pour toi de savoir que je suis le messager d’Allah ?

Il répondit : Au nom de mon père et de ma mère, tu as le sens de la famille, tu es généreux et noble. Sur ce point, il y a des doutes au fond de moi [4]

Al-Abas lui dit : Scélérat [5] ! Témoigne de la vérité avant qu’on ne frappe ton cou ! [6]

Il a donc témoigné et il est rentré dans l’islam.

Puis il a demandé à Al-Abas et au messager d’Allah s’il pouvait obtenir l’assurance que celui qui se réfugie dans sa maison sera sauf.

Il a dit {Al-Abas} : c’était un homme qui aimait bien se vanter et aimait qu’on parle de lui, alors le prophète a accepté sa demande. Et il a dit : « Celui qui rentre dans la maison d’Aba Sofiane sera sauf. Celui qui rentré a la Kaaba sera sauf [7]. Celui qui jeté les armes sera sauf et celui qui rentre chez-lui et ferme sa porte sera sauf ».

— fin de la traduction —

 

Notes de traduction

[1] : On parle d’Abu Sofiane qu’Al-Abas a arrêté et guidé au prophète pour qu’il l’implore de le laisser envie

[2] : Wayhak ! Dans le texte original. C’est une expression abaissante qu’il est courant d’utiliser avec des employés de basse condition quand on veut être rude avec eux. Son utilisation en s’adressant au chef de la tribu la plus forte de la région (Bani Oumaya, ou Omeyyades) est une manière d’insulter et de rabaisser l’homme. A l’époque, on tuait pour moins que cela.

[3] : Abu Sofiane sait qu’il joue sa vie. Malgré le ton insultant du questionnement, il cherche à rester calme et courtois

[4] : Clairement, il lui dit qu’il ne croit pas qu’il est le messager de Dieu ou prophète même s’il emballe cela de paroles de flatterie

[5] : Waylak ! Intraduisible également mais en Français, ça serait équivalent à envoyer une insulte directe à la personne

[6] : menace explicite d’égorgement

[7] : promesse non respectée quand on lit Boukhari. Ibn Khattal a été décapité alors qu’il avait jeté ses armes et se cachait dans la Kaaba (voir articles connexes ou cliquez ici pour accès direct à l’article)

 

Page(s) :

Aba Sofiane, patriarche Omeyyade converti de force

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Source :

Al Istiaab fi Maarifat al-Ashab (Biographie des Compagnons)

De : Ibn Abd al Birr (978 – 1071) [wiki: ar, an]

Volume 2, page 415

 

Analyse :

Cette conversion forcée, le monde islamique la paye jusqu’à maintenant. Sur le cours de l’Histoire, c’est des millions de morts qu’elle a causées.

Aba Sofiane (ou Abu Sofiane) était un des grands patriarches de la tribu Banu Omeya. Lors de la conquête de la Mecque par les musulmans de Médine, il va être forcé à se convertir à l’islam et dans des conditions humiliantes.

Cette conversion lui permettra d’une part de sauver sa tête mais aussi celles de ses proches. Immédiatement, il demande et obtient qu’on ne touche pas aux gens qui se réfugient chez-lui. Sa maison est donc décrétée comme un endroit sûr. Partout ailleurs, dans les rues, autour de la ville et jusqu’à dans la Kaaba les gens se faisaient tuer.

Tous les enfants musulmans connaissent aujourd’hui la fameuse phrase : « celui qui rentre dans la maison d’Aba Sofiane sera sauf » mais jamais on ne leur enseigne dans quelles circonstances elle est arrivée.

Aba Sofiane comprend que l’islam et la « nouvelle chose » et qu’il vaut mieux être dedans pour avoir la vie sauve et profiter. A peine 2 ans plus tard, son fils Muawiya tuait au nom de l’islam et au nom du calife Abu Bakr. Le prophète venait de mourir et le califat s’instaurait dans la terreur et le massacre de masse. Muawiya faisait partie des tueurs. Plus tard, sous l’époque d’Omar, il deviendra le gouverneur de la Syrie puis, à la mort d’Ali, il sera le premier calife Omeyyade. Sa capitale sera Damas et le pouvoir une affaire de famille. Les Omeyyades garderont une haine sans limites pour le prophète et ses proches. L’insulte de la conversion forcée d’Abu Sofiane n’a probablement jamais été totalement ravalée.

Retenant très bien les méthodes qui ont amené à la conversion de son père, Muawiya va être d’une brutalité sans limites. Son fils Yazid, donc le petit fils d’Abu Sofiane, décapitera le petit fils du prophète (Hussein) et exposera sa tête dans le califat. C’est cet acte qui finira par exploser définitivement l’islam en branches chiites et sunnites (même si la scission était entamée depuis longtemps déjà). Quand les habitants de Médine et de la Mecque se sont rebellés contre le pouvoir de Yazid, il a envoyé des armées de violeurs et de pillards (comme Abu Bakr, le premier calife, faisait). Les sources disent qu’un millier de vierges sont tombées enceintes cette année-là après les viols…

On dirait bien, à la lecture de l’Histoire, que le prophète a ouvert les portes d’une hécatombe quand il a forcé le patriarche Omeyyade à se convertir à l’islam.

Télécharger le livre PDF en Arabe pour vérifier vous-même :

thumbnail of Ibn-ab-al-Bir-volume-2-

(Cliquez sur l’image pour ouvrir le PDF dans votre navigateur)

 

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