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— Début de la traduction —

Al-Madaini, d’après Muslima bin Mouharib, d’apres Soulaymane al Taymy et d’après Ibn Awn :

Abu Bakr a envoyé à Ali [1] lui demandant de prêter allégeance [2]. Il ne prêta pas allégeance.

Omar [3] est donc arrivé tenant une torche [4].

Fatima [5]  a dit : O toi Ibn al-Khattab, tu te vois brulant la porte de ma maison ?

Il a répondu : Oui ! Et ceci est plus important que ce qu’a ramené ton père ! [6]

Et Ali est arrivé et il a donné son allégeance en disant : j’avais pris la résolution de ne pas sortir de ma maison avant d’avoir fini d’assembler le Coran [7]

— Fin de la traduction —

 

Notes de traduction :

[1] : Ali abn Abi Talib. Le gendre du prophète (mari de sa fille Fatima).

[2] : Quand le calife arrive au pouvoir, il envoie des émissaires obtenir l’allégeance des chefs de tribus, chefs de familles et autres personnes influentes. Ceux qui refusent cette allégeance sont tués, leurs familles mises en esclavage et leurs biens et femmes pris en butins. C’est un système totalitaire qui ne tolère aucune forme de dissidence ou d’opposition.

[3] : Omar ibn al-Khattab. Qui sera plus tard le second calife et quasi-prophète du musulman sunnite.

[4] : « Qabass » en Arabe veut dire flamme / torche. Ce mot est utilisé dans le Coran verset 27:7 quand il est question de Moïse qui voit un feu et veut aller le voir de près et en ramener un tison (voir verset ci-dessous)

q-27-7

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[5] : Fatima bint Mohammed, la fille du prophète et l’épouse d’Ali

[6] : Notez le vocabulaire : ce n’est plus « le prophète » ou le « messager d’Allah » mais « ton père »

[7] : Ali s’occupait de manuscrits du Coran ou bien il a dit cela pour calmer ses adversaires et éviter que sa maison ne soit mise à feu et lui et sa famille dedans. Une hésitation ou un retard à prêter allégeance à l’homme du pouvoir pouvait en soit justifier la mise à mort.

 

 

Page(s) :

 Omar menace

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Source :

Ansaab al-Achraaf

De: Al-Balâdhurî [wiki: ar, fr, an]

Volume 2, page 770

NB: Al-Balâdhurî est un historien sunnite. Il vivait littéralement chez le calife abbasside al-Mutawakkil. Il est très pro-califes.  Il est contemporain d’un autre historien illustre : Tabari, tout en étant peut-être 20 ou 30 ans plus vieux que lui. Les deux sont considérés comme des sources importantes des premiers temps de l’islam. Ce sont des gens qui ont vécu à la même époque, et peut-être croisé, Boukhari, Muslim, Ibn Majah, Thirmidi, Abu Dawud… etc. Nous sommes juste 2 siècles après la mort du prophète des musulmans et il y a une grande vague d’écriture et de collecte de récits et d’histoires de son époque. Aujourd’hui, les sites Wahhabites cherchent à attaquer cet historien parce qu’ils n’aiment pas ce qu’il rapporte. Mais Ibn Chayba et d’autres auteurs sunnites rapportent les mêmes histoires sur Omar. Flinguer Al-Balâdhurî ne règlera pas leur problème.

 

Analyse :

Dès la mort du prophète, les disputes pour le pouvoir vont prendre une tournure très violente où aucune règle n’est respectée. Omar, le calife bien aimé des musulmans, est ici sur le point de bruler la maison de la fille de leur prophète.

Ce genre d’actions a divisé le monde musulman en deux catégories :

  • Les partisans de la famille du prophète.
  • Les supporters des califes

En Arabe, partisans de François Hollande, se dit « Shiaa’t François Hollande ». Les musulmans partisans de la famille du prophète (Ahl al-Bayt), s’appellent donc « Shiaa’t Ahl al-Bayt » ou tout simplement Shiaa ou Chiaa ou Chiites

Les supporters des califes ont défini le groupe sunnite. Ces derniers disent qu’ils suivent la tradition du prophète (la sunnah du prophète). Cette tradition est souvent écrite et élaborée par les hommes de pouvoir. Ce qui en fait en réalité la sunnah des califes. Voir, par exemple comme Omar invente la prière des Tarawih (article ici) ou bien quand les livres sunnites le considèrent comme un prophète (article ici).

Les shiites sont minoritaires parce qu’ils étaient de tout temps tués par les hommes de pouvoir et leurs supporters. En tant que dictateurs, les califes n’avaient pas de police secrète. La foule traquait et lynchait les opposants. On trouve cette tendance de surveillance de l’autre jusqu’à maintenant dans les sociétés musulmanes. La pratique religieuse de l’individu et son assiduité aux cultes visibles va déterminer son degré d’allégeance à l’émir ou au calife. Elle permet aux autres de surveiller et juger.

Les arguments et les histoires sur lesquels prennent position les shiites se trouvent aussi dans les livres sunnites et sont racontés de la même manière. Donc la différence entre sunnites et chiites n’est pas basée sur des narratifs différents mais sur une différence de positionnement vis-à-vis du même narratif.

Donc, les deux camps racontent dans leurs livres qu’Omar a agressé la fille du prophète. Les sunnites le bénissent pour cela. Les chiites le maudissent pour cela.

 

Télécharger le livre PDF en Arabe pour vérifier vous-même :

thumbnail of Anssaab-al-achraaf-volume-2

(Cliquez sur l’image pour ouvrir le PDF dans votre navigateur)

 

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Omar menace de bruler la maison de, Fatima, la fille du prophète

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4 COMMENTS

  1. D’après les analyses d’Islamlab, il semblerait que les chiites ont adopté une voie positive par rapport aux sunnites qui ont systématiquement validé le pire… Or l’exemple des pratiques iraniennes sur sa propre population n’est pas plus rassurant : mains coupées, homosexuels pendus.. Je me souviens de cette très jeune fille orpheline un peu perdue, pendue à une grue pour un comportement vaguement “hors norme”, mais qui n’avait commis aucun délit : un mollah bien gras avait refusé la grâce , je me souviens encore de la grosse bague sur ses doigts boudinés …

    • Le chiisme n’a pas non plus reussi a creer un systeme d’Etat juste et stable. La religion une fois melangee au pouvoir donne toujours un resultat affreux. Personne ne voudrait vivre sous un pouvoir sunnite ou chiite.

      Le seul avantage des chiites, c’est qu’ils critiquent tres vivement (maudissent meme) les anciens califes. C’est cette difference qui fait que leurs enfants sont moins enclins a suivre l’exemple du califat et rejoindre des groupes terroristes.

  2. Je ne suis pas d’accord avec la traduction :
    Fima = Dans ce que

    C’est Minma qui veut dire Que.

    ( Ceci dit, je n’ai aucune idée sur le sens que ca fait cette phrase, “C’est le plus important dans ce qu’a ramené ton père” )

    Je n’ai pas de doute que n’importe quel arabophone saura faire cette distinction, j’espère que cet article soit retiré pour preserver la qualité de cette étude, je crains que si j’envoie ce site à un ami qu’il tombe sur cet article et remet tout en cause.

    Merci pour le bon travail et bonne continuation

    • On publie votre remarque et on soumet la page a plusieurs arabophones pour trouver un consensus sur le sens du mot que vous soulevez. On va essayer aussi de trouver cette meme phrase dans d’autres sources pour voir si elle est ecrite de maniere differente.

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