— début de la traduction —
3753 – Mohammed bin Abdallah bin Uthman – et c’est Mohammed bin Abi Bakr al-Sidik – et sa mère c’est Asmaa bint Oumays al-Khathaamia. Sa généalogie a été citée plus haut quand on a évoqué son père.
Il est né durant le pèlerinage de l’adieu à Dhi al-Houlayfa alors qu’il restait cinq jours avant la fin du mois de Dhi al-Qiaadah. [1]
[…]
Quand il a été nommé wali de l’Egypte [2], Amrou bin al-Aass a marché vers lui et il eut une bataille. Mohammed a été vaincu et s’est réfugié dans une maison en ruines. Il en fut sorti et tué puis brulé dans un âne. Et il a été dit qu’il fut tué par Muawiya bin Hadij al-Sakouni. Et il a été dit qu’il fut tué par Amrou bin al-Aass.
Quand Aicha a appris son assassinat, elle fut très triste. Elle dit : je le considérais comme un fils et comme un frère.
Et depuis qu’il fut brulé Aicha ne mangea jamais de méchoui.
— fin de la traduction —
Notes de traduction :
[1] : C’est le premier et le dernier pèlerinage du prophète des musulmans juste trois mois avant sa mort. On peut donc situer la naissance de Mohammed bin Abi Bakr en l’an 631
[2] : Durant l’époque du second calife Omar, Amrou bin al-Aass était nommé wali d’Egypte. Plus tard, il fut remplacé par Abdallah bin Saad bin Abi Sarh quand le calife Uthman commença à mettre les membres de sa famille a tous les postes clés (pratique qui se continue jusqu’à maintenant dans le monde musulman). Abdallah bin Saad bin Abi Sarh était défavorablement connu dans le monde musulman parce qu’il falsifiait le Coran et un verset a été révélé a son sujet (voir cet article). Quand Ali arriva au pouvoir, il décida de le remplacer par Mohammed bin Abi Bakr, le fils du premier calife Abi Bakr. Notez aussi qu’il était le fils adoptif d’Ali dans le sens où ce dernier se avec Asmaa bint Oumays al-Khathaamia après la mort de son mari Abi Bakr, le premier calife. Ici, on a Amrou bin al-Aass qui repart en Egypte, territoire dont il a été le wali sous le calife Omar, afin d’arracher le pays au calife Ali et le mettre dans le giron de Muawiya. Sans surprise, a la mort d’Ali, c’est Muawiya qui va devenir le 5eme calife. C’est son fils Yazid, à son conseil, qui mit à sac Médine, la ville du prophète des musulmans, et fit violer la quasi-totalité de ses femmes (voir cet article). Aujourd’hui, le groupe terroriste ISIS ou Etat Islamique attaque la Syrie parce qu’il veut recréer le califat de Muawiya de la tradition duquel il se réclame. D’ailleurs, ce groupe a publiquement annoncé vouloir détruire la Kaaba de la Mecque (déjà bombardée par le fils de Muawiya).
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Source:
Ousd al-Ghaba fi Ma’arifati al-Sahaba
De : Ibn al-Athir (1160 – 1233)
Page 1100
NB : ce livre, dit souvent « al-Ousd » est une source sunnite de premier plan. C’est une sorte d’annuaire biographique classant par nom les gens qui ont vécu à l’époque du prophète.
Analyse:
Nous sommes en 658, c’est-à-dire à peine 27 après la mort du prophète et déjà le califat est en train d’éclater. Au moment de ces faits, c’est Ali qui est au pouvoir en tant que 4eme calife. Mais il fait face à un homme puissant qui ne reconnait pas son pouvoir : Muawiya bin Abi Sofiane. Nommé gouverneur de Damas par le 3eme calife Uthman (qui était de sa famille), Muawiya dispute déjà le pouvoir d’Ali bin Abi Taleb et fera tout pour lui mettre des bâtons dans les roues. Quand il entend que le calife a nommé un nouveau gouverneur en Egypte, il envoie 6000 hommes pour tuer le nouveau wali et le remplacer par un homme à lui.
Donc le nouveau wali a été tué et son corps brulé dans un âne. A moins qu’il ait été cousu dans l’âne et brulé vivant. On se souvient que son père, le calife Abou Bakr (ou Abi Bakr, les deux orthographes sont correctes), affectionnait particulièrement cette méthode de mise à mort.
Aicha, la femme du prophète (celle que les musulmans disent qu’il a épousé à 6 ans) est ici trahie par Muawiya qui lui tue son frère d’une façon aussi infamante. Si on revient juste 2 ans en arrière, en 656, on la retrouve sur un chameau guidant une armée pour déposer le calife Ali afin d’assoir le pouvoir absolu de Muawiya. Cette bataille, dite « du chameau », est la première guerre civile musulmane et on parle de 18000 morts en trois jours et l’insurrection échoua. Ali arrêta Aicha mais ne la tua pas parce que c’était la femme du prophète et il voulait calmer le jeu.
Avec de telles histoires, le musulman lambda voit sa tête tourner dans tous les sens. Voici notre seigneur Muawiya qu’Allah le bénisse, qui fait tuer et bruler dans un âne notre seigneur Mohammed bin Abi Bakr qu’Allah les bénisse (c’est-à-dire lui et son père).
Aussi, le narratif salafiste est en mauvaise posture. Le salafisme prétend que les générations de l’époque du prophète exemplifient le vrai et authentique islam et doivent servir de modèle à suivre. Une plongée dans les livres islamiques montre qu’aucune personne bien dans sa tête ne voudrait vivre dans un mon comme celui des salafs. Les seuls qui défendent ce modèle sont des adultes qui n’ont jamais ouvert de livres et qui croient encore au père Noël. L’époque des salafs était une époque de guerres, de trahisons, de massacres et d’horreurs en tout genre.
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